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Deuxieme etape : de Cochin (Inde) a Al Mukalla (Yemen)

lundi 31 mars 2003 par Sylvain Guérin
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Lundi 10 Mars, 9°58’N 76°15’E

10 h. Enfin, on lève l’ancre, après 4 jours à courir partout afin de finir de faire les pleins d’eau, de gasoil, de nourriture, et de s’occuper des millions de petits problèmes a régler avant le départ. Ca y est donc, c’est reparti, après un épisode indien passionnant, et comme toujours dans ces cas la, trop court, beaucoup trop court. Lentement, le Taj Malabar s’éloigne. C’est l’hôtel de luxe devant lequel ancrent les voiliers qui n’ont pas encore rempli toutes les formalités d’immigration et de douane. C’est aussi l’endroit où l’on a retrouve plein de gens que l’on connaissait, pour la plupart rencontres au chantier thaïlandais de Ratanachai, a l’époque où l’on tenait tous par notre envie de grand large. C’est assez drôle de penser que moins d’une quarantaine de voiliers transitent chaque année par le port de Cochin, en Inde, mais qu’on en connaît plus de la moitie. Le monde des yachties est vraiment tout petit.

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Chargement de tous les fruits et legumes a bord de Parsifal

Un départ tout triste en fait, puisqu’on laisse deux bateaux en carafe. Sir George a son mat en deux parties et son étrave complètement ouverte, après un abordage en mer avec un garde-côte indien lors de son départ pour la Mer Rouge, il y a 3 semaines de ça. Quant a Axe Calibre, le bateau de nos amis anglais, Tom et Dee, est au mouillage depuis 3 semaines devant Bolgati palace en attendant que son capitaine ne se refasse une santé, opère d’un mauvais ulcère a Trivandrum, Tom est en effet sacrement fatigue. Ils reprennent la mer avec un nouvel équipier Ginger, copain de leurs enfants qui apportera l’huile de coude. Malheureusement, nous les retrouverons avant notre départ ; une bête fuite d’eau dans le collecteur les retient à Cochin pour un temps indéterminé, en attendant une réparation. Un coup dur pour eux, quand on sait qu’ils avaient quitte Cochin il y a 5 jours et que l’on s’était donne rendez-vous au Yémen. Notre départ est déjà très tardif relativement a la saison, et le départ pour eux risque maintenant d’être reporte de 9 mois. Dure dure, la vie en bateau, si elle donne tout, elle ne pardonne rien. On croise en tout cas les doigts pour une réparation rapide et une prochaine rencontre en Mer Rouge.

On pense aussi, mais la ce n’est pas triste, à nos amis que nous avons laisses dans les montagnes indiennes, à Kodaikanal, dont les bateaux Alice et Windwalker attendent sagement leurs propriétaires pour retourner goûter le grand large.

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Tribord toute, crie le capitaine (derriere l’appareil photo), on quitte Cochin !

C’est parti. Les conditions ne sont pas enthousiasmantes, un vent inexistant, une mer toute plate et sans une ride et une brume de chaleur seront notre lot de ce premier jour de navigation, essentiellement au moteur.

Mardi 11 Mars, 9°47’N 74°54’E, 90 milles

Journée calme, beaucoup de moteur, le vent se lève (un peu) à 17h comme hier. On a du mal à se sentir dans l’ambiance « bateau », encore tout impregnes de notre escale indienne. La soirée est magnifiquement calme, on regarde la lune se lever. Au menu : haricots verts poelles/œufs et bananes flambées. Sylvain prend le premier quart. On n’a vu aucun bateau de la journée.

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A table !!!

Mercredi 12 Mars, 9°24’N 73°32’E, 86 milles

Au moteur depuis la nuit, il est 14h et le vent semble vouloir se lever ? On a atteint une zone nuageuse mais le baromètre reste stoïque sur ses 1013 mb.

[Armelle] Un matin blanc sur un lac : les poissons volants battent leur record hors de l’eau : sans une ride a la surface, je les regarde planer pendant plus de 30 secondes et je les envie de pouvoir passer si aisément d’un milieu a l’autre.

Troisième tentative de hisser le génois… le souffle semble se confirmer mais demeure très (trop) faible. On gagne tout de même 0,5 nœud au loch. Ouaaah.

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Comme on peut le voir, ca souffle dur ! On encaisse des rafales a plus de 60 noeuds, et on a peur d’enfourner jusqu’aux barres de fleche, dans les gros surfs !

On commence a s’inquiéter un peu, Al Mukalla est encore a plus de 1600 milles et nous ne pouvons avancer quasiment qu’au moteur. Compte tenu du petit réservoir de gasoil de Parsifal, et même avec les nombreux bidons de diesel que nous avons eu soin de remplir, nous ne disposons d’environ que de 300 milles d’autonomie au moteur. Il va donc falloir que l’on perde cette habitude de nous servir du moteur, et apprendre à attendre le vent en restant sur place. Et pourtant, en trois jours, le vent n’a jamais dépasse les 5 nœuds (ça correspond a un vent très, très, léger)…

Sandwich maquereaux/tomate et mangue au dessert. Armelle entame un Hitchcock tandis que Sylvain se lance dans des travaux de couture (confection d’un pavillon).

Juste avant de partir, nous avons consulte le site de la BMI, qui recense les attaques de bateaux (de commerce mais aussi les yachts). Armelle s’amuse à placer sur une carte le point d’une attaque de voilier toute récente (le 2 mars dernier) dans le golfe d’Aden. C’est au SE de Mukalla, pile sur notre route vers Djibouti !!! Cool ! Ce site de la BMI est vraiment redoutable.

Jeudi 13 Mars, 9°28’N 72°20’E, 74 milles

Encore une journée bien calme, 90 milles, dont la moitie au moteur. Quelques oiseaux (de petites sternes noires), et un cargo (un gros gazier LNG). Sylvain a remis le moteur dans la nuit, et Armelle l’a coupe a 6h en prenant son quart. Nous commençons à désespérer de trouver du vent. Lorsque nous marchons a la voile, il est fréquent de tomber sous les 2 nœuds. Pour ne rien arranger, nous avons un courant d’un demi nœud contre nous.

[Sylvain] Une petite voix lancinante nous murmure dans les oreilles que nous sommes partis bien trop en retard sur la saison. On le sait, le dernier voilier avant nous est parti depuis plus de 2 semaines. Personne n’en parle trop.

[Armelle] Le moral ne vole pas haut. Sylvain est nerveux à cause manque de vent, et un dérangement intestinal le travaille. Bref, rien ne va, il part dormir un peu. J’espère que cela lui fera du bien. Pour ma part, je ne suis pas encore trop inquiète vis-à-vis de la météo. On a a peine passe les Lacadives et encore (d’après les infos que j’ai lues ou collectées) trop nord pour profiter du courant qui devrait nous pousser jusque dans le Golfe d’Aden… A voir donc.

On écoute depuis hier les bulletins RFI (Radio France Internationale) diffuses à partir Gabon. Si d’habitude, on est très heureux de recevoir des nouvelles du monde, il faut dire que cette fois-ci lesdites nouvelles ne sont pas très réjouissantes. Tous semblent se résigner a un conflit imminent. Les interviews des hommes d’affaires qui essaient déjà de se placer sur les marches de l’ « apres-conflit » en arborant les chiffres, durées et besoins de ces gens que l’on va massacrer : tout ça nous dégoûte.

Au menu de ce soir : bolognaises et tarte aux raisins.

Vendredi 14 Mars, 9°16’N 71°28’E, 60 milles

60 milles depuis hier matin ! A ce rythme, il nous faudra 2 mois pour rallier le moyen-orient.

[Armelle] Sylvain a été malade une bonne partie de la nuit : nausées, maux de tête, vomissements. La soupe d’hier soir et les cachets n’y ont rien fait. On retente le coup ce midi avec un riz au lait. Il semble que cela passe mieux, il n’a pas vomi de l’après-midi. De plus, le vent s’est enfin levé (10 nœuds pour la première fois depuis Cochin !). Pour combien de temps ? On n’ose a peine clamer notre contentement de peur de tout faire retomber comme un soufflé. Le courant contre nous semble également diminuer : tous les milles que nous faisons le sont réellement. C’est bon de sentir le bateau avancer. On est a 5 nœuds sous spi. Reste plus que l’état de santé de Sylvain et ce sera le bonheur !!

Toujours personne en vue de toute la journée. Cet océan est bien désert dans cette zone !

Samedi 15 Mars, 9°21’N 69°50’E, 99 milles

Le vent se confirme : c’est chouette de sentir le bateau dans les vagues ! Sylvain va mieux, ouf !

L’après-midi, on se fait un grand rangement, de la couture, puis on transforme pour la soirée le carre et la cuisine en pizzeria… L’odeur qui monte dans le cockpit est incroyable mais on a eu les yeux plus gros que le ventre et on cale a la moitie de notre énorme pizza individuelle (si, si, même Sylvain !). La nuit se passe bien, une molle vers 2h, un voilier en vue au petit matin. On espère que ce ketch soit nos copains d’ « Axe Calibre ». Mais ils font route très nord, et personne ne daigne nous répondre à la VHF.

Comme partout ailleurs dans le monde, en ce samedi précédant un conflit annonce, on se mobilise a bord de Parsifal pour manifester contre la guerre imminente. Goonk avec ses banderoles, sit-in au pied du mat… 100% de l’équipage était présent. Si ça nous a fait sourire a ce moment la, on ne rie plus du tout maintenant, quelques jours après le début effectif du conflit.

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Jour de revendication a bord de Parsifal : au premier plan des manifestants acharnes, Goonk et Armelle. Au chiottes Bush !

Dimanche 16 Mars, 9°30’N 68°01’E, 111 milles

Ce matin un poisson sur la ligne (avec Hector no 2) qui est restée a l’eau toute la nuit. On pêche incroyablement peu depuis notre départ de Cochin. Il est vrai qu’on ne va pas très vite non plus. Ce poisson est une sorte de mélange entre barracuda et aiguillette, très bon à la poelle malgré les arêtes.

[Armelle] Sylvain bricole un panorama de l’intérieur du bateau sur l’ordinateur puis la réception de bulletins météo par fax. C’est pas gagne avec le pauvre récepteur dont nous disposons. Il finit par renoncer à capter autre chose qu’un joli paysage enneige de nuit par temps de brouillard.

[Sylvain] Armelle s’occupe de faire du fromage et continue sa lecture sur la décadence de l’empire romain. C’est fou le temps que l’on a, pendant une grande traversée a la voile, pour faire toutes ces millions de choses que l’on dit « que l’on fera un jour ». Tous les livres d’histoire d’Armelle, de la sixième à la troisième, y passent. Armelle fait désormais preuve d’une érudition sans faille sur les civilisations du berceau méditerranéen, et je dois me taper tous les commentaires sur les batailles d’Alexandre le Grand.

Grand banc d’oiseaux (une trentaine, c’est énorme dans le coin), fines Sterna Fuscata et Anous Stolidus. Hier matin, un banc de grands dauphins (espèce ?) : on est passe très prés d’eux alors qu’ils paraissaient occupes a s’alimenter.

Un peu de mer aujourd’hui, c’est suffisamment rare dans cette traversée pour le noter, le bateau gîte un peu, on avance bien, un peu au sud de la route prévue.

Lundi 17 Mars, 9°59’N 66°43’E, 91 milles

Cette journée du 17 mars a été déclarée par l’ensemble de l’équipage « journée molle ». Un léger souffle de vent, rien a l’horizon, on se sent une petite forme, un peu lasses de ces journées sans vent. Seule une petite baignade, tires par un bout a l’arrière de Parsifal, aura anime un peu ce lundi.

Nuit tranquille avec une magnifique lune, presque pleine, qui nous a éclaire presque toute la nuit.

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Full moon party cette nuit

Mardi 18 Mars, 10°35’N 65°23’E, 85 milles

Le vent tourne un peu, on envoie le spi après une petite baignade (un peu plus musclée qu’hier, a 3,5 nœuds), et un petit dej’ « crêpes ».

[Armelle] Journée assez active : Sylvain est dans la couture d’un nouveau sac pour le spi (c’est le deuxième sac a spi qu’il oublie d’attacher sur le balcon avant et perd, et il s’en mort les doigts). Je m’occupe de faire le tri dans la cambuse : carottes et tomates ont bien souffert, il faut en jeter une partie, mettre de cote pour usage ’urgent’ ce qui est récupérable (ça sent la ratatouille pour ce soir cette histoire) et nettoyer les paniers.

On avance vraiment bien cet après-midi : presque 6 nœuds, il y a bien longtemps qu’on a pas vu ça sur le loch !... mais pour l’instant, cette traversée est usante (pour les nerfs seulement, sinon c’est relax) dans le sens ou l’on ne peut compter sur rien niveau météo et une risée qui se confirme même pendant 2 heures peut très bien vous laisser tomber dans un calme plombe en un rien de temps ! Peu importe, on est sur l’eau et tout va bien : bateau et équipage.

Mercredi 19 Mars, 11°05’N 63°34’E, 114 milles

Journée sous spi, on a bien avance, pas âme qui vive autour de nous …que de l’eau de l’eau de l’eau…

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Sequence litteraire a bord de Parsifal : Armelle ecrit son article sur l’Inde

Jeudi 20 Mars,11°49’N 61°52’E, 111 milles

On affale le spi, la mer est un peu formée. On a note une petite déchirure sur la voile : il va falloir arranger ça et s’occuper du nouveau sac a spi si on veut pouvoir l’envoyer de nouveau…c’est Sylvain qui s’y colle !

On a écouté RFI ce matin et les tristes nouvelles de l’échec des instances internationales pour la paix et le commencement de la guerre : on se sens vraiment miné par tout cela. C’est assez paradoxal a l’endroit ou l’on se trouve, loin de toute civilisation. Notre seul lien avec le monde est ce petit bout de poste qu’on est oblige de caler afin que l’antenne touche le gréement du bateau pour entendre une voix lointaine et grésillante… nous parler de guerre !

Vendredi 21 Mars, 12°32’N 59°59’E, 120 milles

C’est aujourd’hui le printemps ! Un peu difficile d’y croire alors qu’on est sous le soleil depuis presque 7 mois. Difficile de se laisser aller aux pensees romantiques associees a cette periode. A l’heure ou les premiers rayons du soleil illuminent Parsifal, les premieres bombes tombent sur Bagdad.

Le vent est monte, on affale le spi et la manœuvre est assez musclée ! Erreur de barre et le spi part en drapeau sur le cote du bateau (la voile n’est plus retenue que par le point de drisse et vole dans le vent a 15 mètres de hauteur). Très impressionnant sur un bateau de 12 mètres ! Mais on le récupère sans casse, ouf ! Cette nuit, on a atteint sous spi 9,36 nœuds (fonction vitesse max du loch a l’appui) et on a vu pour la première fois Parsifal se permettre des départs au lof (ca aussi c’est impressionnant sur un bateau qui doit faire ses 12 tonnes) : ce n’était pas très prudent sous ces rafales a 20/25 nœuds.

Samedi 22 Mars, 13°15’N 58°15’E, 112 milles

Journée nuageuse ou l’on décide de revoir la sécurité a bord (ce matin Armelle s’est pris un bon direct du droit avec le tangon qu’elle plaçait sur le génois)… Une chute inconscient pendant que l’autre dort serait fatale. On place des lignes de vie sur chaque cote du bateau (câble inox 5 mm) et on dépoussière les harnais du bord… il est vrai que jusqu’ici les conditions ont été tellement tranquilles ! Mais il suffit d’un mauvais pas, la nuit surtout… Dans la foulee, on s’occupe de mettre en place un feu de retournement et on répare le flotteur marque d’homme a la mer : tout y passe.

On passe nos 3000 milles (depuis la mise a l’eau de Parsifal) dans la nuit : il va falloir fêter ca ! Pizzas ce soir (c’est normal c’est samedi).

Dimanche 23 Mars, 13°36’N 56°45’E, 93 milles

Voiles en ciseaux toute la nuit dans un vent – comme d’habitude – mou, très mou.

Ce matin, nombreuses rencontres : tout d’abord un joli fou de bassant a la tête bleutée qui inspecte le bateau comme s’il voulait s’y poser, mais la manœuvre ne semble pas possible. Il repère alors Hector a l’arrière (un de nos leurres) et s’élance pour un pique heureusement rate. Il en profite donc pour se lisser les plumes lors d’une baignade. Ensuite on repère un aileron évoluant a quelques longueurs de bateau sur l’arrière : c’est un requin renard d’environ 1,5 m. 2 minutes plus tard, une bestiole non déterminée qui fait des cabrioles sur tribord. 2 minutes plus tard encore, on a la joie d’observer par transparence un banc de thon filant dans le sillage de Parsifal. Coup d’œil rapide vers les lignes : bingo ! Chacune des 2 lignes remorque un thon patudo de 4/5 kg. On les remonte rapidement, bien que l’un d’entre eux aura un steak en moins : prélèvement de notre copain requin qui peut-être filait le banc (c’est dimanche pour tout le monde). Débute alors un atelier de découpe/salaison qui nous occupe pendant 2 bonnes heures. Au repas de midi : papillotes a la moutarde citronnée et riz au ghee (le beurre clarifie indien). On se réserve pas mal de bouts de thon pour se faire du petit sale a la tahitienne pour ce soir. Le reste sera sale et conserve pour des jours moins fastes.

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Viens par ici, toi !

Lundi 24 Mars, 14°03’N 55°26’E, 84 milles

Petit temps, petit vent. On s’occupe en entretenant le bateau : nettoyage, rangement, vérification de l’état des provisions…

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(L’interet du calme plat, c’est qu’il y a moyen de se lancer dans la photo creative !

[Armelle] Dans l’après-midi traversée d’une nouvelle masse de méduses, moins dense qu’hier mais plus faciles a observer de jour …elles ressemblent fort a la Cambrionelle orsini décrite dans Sea shore of Western Indian Ocean, mais comment en être sure ? Sylvain veut jeter un œil sous l’eau et me précise qu’elles sont souvent entourées de nombreux petits poissons. « Comment tes poissons ? », je demande ; « ben, des poissons PAC, allonges, gris, des poissons a la con quoi ! » -merci Sylvain pour ta collaboration scientifique !-

[Armelle] Dans la soirée on aperçoit les lumières d’un bateau qui se rapproche…avec mes lectures sur la Mer Rouge (l’intrépide Henry de Mondfred –d’ailleurs, merci bien Martin, c’est une vrai mine d’info ce bouquin-), je m’imagine que toutes les embarcations sont bondées de pirates prêts a bondir sur nous piller Parsifal et nous débarquer sur une île ou un coin de cote déserte ; et ce n’est pas ce qui manque dans le coin. Mais bon calmons nous, la chaleur et le manque de vent me font délirer, certes il y a eu des accident, mais il y aussi pleins de d’honnêtes pêcheurs, non ? Il fait en effet de plus en plus chaud (dans l’air) alors que la température de l’eau perd un degré tous les 2 jours depuis une semaine (pas de panique, on se baigne quand même par 30.2 degrés) et une forte humidité enveloppe Parsifal pendant la nuit…brrr, il est fou ce désert ?

Nuit sans un souffle, le spi tombe littéralement sur le pont quand on lâche la drisse, et mauvaise nouvelles : on a 1.5 nœud de courant contre nous, nous qui ne voulions pas trop flâner dans la zone !

Mardi 25 Mars, 14°17’N 54°13’E, 77 milles

Journée tranquille a 3 nœuds de moyenne, ce n’est toujours pas la folie niveau vent. La vie a bord suit son cours tout aussi tranquillement. C’est fou comme on s’adapte au rythme du bateau. Il est vrai que les journées sont tellement chaudes et le soleil tellement dur que ça ne prête pas à courir dans tous les sens. Il faut souvent se jeter des seaux d’eau de mer !

Vers 17h, un bruit assourdissant nous tire de notre torpeur, et la mer se couvre de remous sur un large front d’environ 200 mètres. Des poissons énormes sautent de partout ! Ce ne sont pas des poissons, mais un banc de dauphins d’environ 200 individus, pris d’une sorte d’hystérie collective. Sans doute une technique de chasse. Nous restons plus d’une demi-heure à observer ce spectacle d’une intensité incroyable.

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Un banc de dauphins en folie

Mercredi 26 Mars, 14°20’N 52°56’E, 81 milles

Ce matin, nous avons pêche une dorade coryphène, il est bon de manger a nouveau des protéines. Nous sommes à l’entrée du golfe d’Aden, et la vie semble ici beaucoup plus riche qu’au milieu de l’Océan Indien Ouest, dans la mer d’Arabie, ou nos pêches étaient pour le moins minables (pas un poisson les 10 premiers jours de navigation).

La journée se passe paisiblement, et la nuit commence de même, au moteur, quand le pilote automatique de Parsifal (le pilote électrique) décide de tomber en panne. Apres démontage, le constat est net : moteur électrique HS. On ne se rend pas forcement compte a quel point un moyen de pilotage automatique du bateau est important au cours d’une longue traversée, surtout en équipage réduit comme nous le sommes. Si le régulateur d’allure, Jojo les p’tits réglages officie parfaitement a la voile quand le vent est suffisant, le pilote électrique est lui indispensable quand le vent est trop faible ou inexistant et que l’on navigue au moteur. Sa défection signifie pour nous une vie complètement différente, rives à la barre dans une concentration qui ne doit jamais se relâcher. Bref, la galère quand on a encore beaucoup de route a faire. La nuit commence bien. Bon, il faut garder le moral.

Jeudi 27 Mars, 14°15’N 51°37’E, 79 milles

Pas de vent, comme d’habitude. On se force a essayer de faire de la voile la journée, nos réserve de gasoil ne nous permettant toujours pas de rejoindre Mukalla au moteur. Vitesse entre 1,5 et 3 nœuds (dans les rafales de fous).

Pour la deuxième journée consécutive, une dorade coryphène nous fait l’honneur de goûter au leurre au bout de la ligne. Nous, on goûte la coryphène pour le repas de midi.

On a eu l’idée d’essayer d’utiliser un autre moteur électrique pour le pilote. C’est finalement l’aspirateur du bord, qui une fois démonte nous fourni un moteur électrique qui a l’air de fonctionner. Pas de chance, il tourne trop vite et consomme presque 2 fois plus que l’ancien moteur HS. On ne se risque pas à griller la carte électronique du pilote et on apprend à se servir du régulateur d’allure au moteur et sans vent. On réussit à trouver un réglage qui fait faire des embardées de plus de 120 degrés au bateau, mais le cap moyen est bon. Tant pis pour les performances, on va pouvoir se reposer un peu.

Vendredi 28 Mars, 14°21’N 50°12’E, 85 milles

Toujours pas de vent, on a encore fait du moteur toute la journée. Sans pilote il faut barrer souvent et ça commence à être difficile. Pour ne rien arranger, Armelle est malade. Vivement l’arrivée !

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Le soleil se leve et on sent que ca va encore etre une journee tres dure, avec un vent pas possible...

Samedi 29 Mars, 14°28’N 49°27’E, 70 milles

Apres un arrêt de 2 heures au large de Mukalla, pour ne pas arriver de nuit, on remet en route le moteur vers 6 h du matin pour effectuer les 12 derniers milles qui nous séparent de Al Mukalla. A 8 heures, on arrive à contacter Mukalla Port Control qui nous aiguille vers un endroit ou l’on peut mouiller. Le paysage est à couper le souffle.

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Les cotes du Yemen se profilent a l’horizon

29 mars 2003, 09h00 : Arrivée a Al Mukalla, 14°31’N 49°08’E, 19 jours de navigation

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Arrivee a Mukalla

1702 milles parcourus : le loch indique lui 1830 milles : 130 milles en plus dus aux courants contre nous !!



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